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Living with Laïcité

Living with Laïcité

Bishop Pierre Whalon

19 April 2018 10:54AM

This article is also available in French
Cet article est également disponible en français


The Bishop in charge of the Convocation of Episcopal Churches in Europe since 2001, Pierre Whalon, is a citizen of France and the United States. Here, he considers the question of laïcité.


In his acceptance speech for an honorary doctorate conferred by the Institut catholique de Paris, Archbishop Justin Welby said this: “Here, in France, I would say – perhaps somewhat provocatively – that laïcité has served its purpose.” He was translating his text into French on sight, and he added an aside: “It needs to be put in a museum.”

Somewhat provocatively, indeed. The question of laïcité is perhaps the burning subject in France. The word does not translate, but it signifies a right of conscience. For recent governments of the Fifth Republic, however, this right has been re-interpreted to mean that religion is a private matter, and that in the public square (so to speak, this is not a French expression), nothing religious should intrude.

In a recent book, Laïcité : l’expression publique de la religion (Paris : ATF France, 2018), Jean-Michel Cadiot and I argue that this is a false idea of religion, that it is actually a de facto establishment of atheism as France’s religion. In that every human being must have an answer to what the German-American theologian Paul Tillich called “ultimate questions” – what is death, who am I, what is true, etc – everyone is religious in nature. The word “religion” means to bind up, to tie together, and our personal, intimate answers to these are inherently religious.

In this sense, then, we are all religious. To put it in anthropological terms, it is a marker of Homo sapiens that we each have some sense of the sacred, even if one concludes that this feeling, and the ultimate questions it raises, are meaningless. It goes with the other aspects of humanity that distinguish us from all other animals, namely, highly symbolic language, artistic creation, and symbolic pair-bonding, ie, marriage.

Therefore no one can say, “I am not religious,” even though some 40 per cent of my compatriots describe themselves this way. Rather, the fact that we are all religious, needing to answer ultimate questions of our lives, answers which evolve over time as well, absolutely requires a right to conscience, a fundamental freedom of religion.

Americans know from their history that religious freedom is the basic human right. The French know it too, though historically it has meant freedom from the Roman Catholic Church’s power over French society. This brings us to the dilemma of this time of Islamist terrorism, which is how to redefine laïcité so that it allows for genuine freedom of conscience while preserving the common good.

Our book’s answer is education. If I have a right to conscience, so do my neighbors. If they must respect my right, I must respect theirs. Doing so requires basic education. But as Anglicans around the world know in their respective contexts, this is easier said than done. It is however a vital struggle that all of us, including the French, must engage.



Bishop Pierre WhalonVivre la laïcité
Bishop Pierre Whalon

 

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Cet article est également disponible en anglais


L’évêque en charge de la Convocation des Églises épiscopales en Europe depuis 2001, Pierre Whalon, est un citoyen de la France et des États-Unis. Ici, il considère la question de la laïcité.


L’Archevêque de Cantorbéry, Mgr Justin Welby, a reçu un doctorat honoris causa de l’Institut catholique de Paris, le 17 novembre 2016. Dans son discours d’acceptation, l’Archevêque de Cantorbéry a lancé un mot provocateur pour la laïcité à la française : « Ici, en France, je dirais – peut-être un peu provocateur – que la laïcité a atteint son but. » Mais puisqu’il traduisait son texte anglais en français à vue, il s’est permis un commentaire. « Il faut la mettre au musée. »

Un peu provocateur… La laïcité est bel et bien la question brûlante d’actualité en France. Le mot ne se traduit pas, mais il signifie le droit de conscience. Récemment, ce droit a été interprété par les gouvernements successifs de la Vème République pour faire croire que la religion n’est qu’une affaire privée, et qu’en public, le religieux n’a pas de place.

Dans un livre récent, Laïcité : l’expression publique de la religion (Paris : ATF France, 2018), j’ai postulé avec mon co-auteur, Jean-Michel Cadiot, que celle-ci est une fausse idée de la religion, qu’en fait elle se traduit par un établissement de l’athéisme comme religion de la France. Tout être humain doit répondre à des « questions ultimes », pour reprendre l’expression du théologien germano-américain Paul Tillich. C’est-à-dire des sujets comme le sens de la mort, de l’identité, de la vérité des choses, et ainsi de suite. Puisque le mot « religion » signifie « lier ensemble », nos réponses à ces questions – intimes, personnelles – sont en fait religieuses.

De ce point de vue, nous sommes tous religieux. En termes anthropologiques, c’est essentiel à l’espèce Homo sapiens que tout un chacun ressent une certaine intimation du sacré, et ce même si ce n’est pour conclure que ce sentiment, et les questions qu’il soulève, n’ont aucun sens. Ce sens du sacré est l’un des aspects de l’humanité qui nous distinguent des autres animaux ; les autres sont le langage hautement symbolique, la création artistique, et le mariage pratiqué par toutes les sociétés chacune à sa façon.

Alors nul ne peut dire « je ne suis pas religieux » alors qu’environ 40 pour cent des Français se caractérisent de cette façon. Le fait que nous sommes tous religieux, ayant tous le besoin de trouver des réponses personnelles et intimes à des questions ultimes vitales – des réponses qui évoluent, en plus – exige un droit de conscience, une liberté fondamentale de la religion.

Les Américains savent bien de leur histoire que la liberté religieuse est le droit humain primordial. Les Français le savent aussi, quoique dans l’histoire de la France elle a signifié la fin du pouvoir catholique romain sur la société française. Ce qui nous amène au dilemme actuel, en cette époque de terrorisme islamiste : comment comprendre la laïcité pour qu’elle protège et le bien commun et une véritable liberté de conscience.

La réponse de notre livre est l’éducation. Si j’ai un droit de conscience, il en est ainsi pour autrui. Si l’autre doit respecter mon droit, je dois le lui respecter. Le faire requiert de l’éducation, une formation de base. Mais comme les anglicans du monde entier le savent, c’est facile à dire. Pourtant, vivre la laïcité – le droit de conscience – est l’affaire de nous tous, y compris les Français.